Le mots Initiation vient du
latin Initiare : commencer. Un initié est donc un
apprenti dans toute l'acception du terme. Par la suite. il
devient adepte. puis maître si son développement est
harmonieux. Ce développement portera sur plusieurs aspects:
connaissances, niveaux de conscience, aptitudes, maîtrise des
énergies, etc...
On
retrouve cette classification dans diverses sociétés
initiatiques à des niveaux de complexité plus ou moins élaborés,
franc-maçonnerie, sorcellerie, compagnonnage... C'est ainsi
qu'en franc-maçonnerie on trouve l'apprenti, le compagnon et le
maître, à l'image des guildes corporatives du Moyen Age
Dans
le monde moderne, le terme d'initié est très galvaudé et,
quand il ne l'est pas, il est parfois confus. Le
processus initiatique est fort loin de la mascarade qui déferle
dans les pages des revues et des publicités destinées au grand
public. Grand maître, Suprême Grand maître (!), initié de la
tradition, diplômé de l'institut X, exorciste de l'église...
Pipeau, bidon, chimères et faisanderie. Rien de tout cela n'est
crédible, aucun de ces titres ronflants n'a de valeur, sinon
celle que lui accordent les gens trop crédules qui n'ont que ce
qu'il méritent.
Depuis plusieurs siècles, il n'existe plus AUCUN collège
initiatique traditionnel. Les filières de transmission
authentiques sont interrompues, quoiqu'en disent certains. C'est
à peine si subsistent encore quelques filiations familiales,
qui sont le fait de quelques "clans" ayant perpétré
la tradition en assurant la continuité. La transmission, assurée
de père en fils ou plus rarement par relation, constituait de
petits cénacles discrets. Ceci est surtout vrai dans les
traditions occidentales, en particulier dans la tradition
Celtique. Cette très ancienne tradition dont l'enseignement est
par définition oral, est à l'origine des traditions chrétiennes
de chevalerie et constitue la voie du guerrier. On la retrouve
sous une forme très abâtardie dans la formation aux arts
martiaux, dans le monde asiatique. Bien qu'il existe encore
quelques écoles d'art martiaux qui insistent sur l'aspect
"magique" de la préparation, cette voie du guerrier
est une réelle voie initiatique dont la symbolique du Graal démontre
son appartenance au monde magique.
La
filiation Druidique est interrompue depuis le haut Moyen-Âge,
et peut être un peu avant. Seule subsiste une filiation
bardique en Irlande. Quant aux magies cérémonielles rien n'en
persiste depuis la fin de l'école d'Alexandrie. Les traditions
Egyptiennes se sont éteintes, et on ne sait même pas comment
se prononçait la langue des prêtres, moins encore leurs
vocables. Les joyeux plaisantins qui se vantent d'être héritiers
des traditions égyptiennes ne sont que des naïfs doublés
d'escrocs intellectuels, car si l'on suit leur raisonnement il y
aurait eu des passages de pouvoir de maître à disciple depuis
vingt siècles. Si nous admettons cette hypothèse, comment
expliquer qu'il a fallu attendre Champollion pour déchiffrer
les hiéroglyphes ? Il est peu probable qu'une initiation ait
perduré alors que la base même de la langue profane était
perdue. Je livre ce point de détail à votre méditation.
La
tradition juive fut durement touchée au moment de l'exil de
Babylone, ce peuple dut reconstituer ses traditions plusieurs générations
après. Quand à la Kabbale elle connut sa véritable impulsion
avec la tradition grecque des Pythagoriciens qui fut pour les
penseurs hébreux une manne révélatrice. En Chine le raz de
marée fut également dévastateur, et les quelques initiés
Taoistes qui subsistaient, firent passer leur savoir dans des
pays limitrophes, avec tous les aléas que supposent les
traductions. Seuls les Bon (bonnet noirs) du Tibet, qui
constituent l'aristocratie magique de la tradition de ce pays
furent
épargnés en s'intégrant dans les mouvements Bouddhistes des
bonnets rouges et des bonnets jaunes. Mais les même Bön sont
peu nombreux et difficiles d'approche, de plus, ils ne sont pas
très favorables aux transmissions. La filiation initiatique
est, on le constate, pratiquement inexistante, en tout cas en ce
qui concerne la plupart des hautes traditions magiques.
La plupart des sociétés à prétentions initiatiques, sont
d'inspiration récente. Certaines, très sérieuses et dignes de
respect, pour la qualité du travail qu'elles effectuent, leur
probité, leur éthique sans faille. Le groupe de recherche
d'Alexander von Remus, qui se spécialisa dans les études de médecine
spagyrique en est un exemple parfait. Des groupes de ce type ont
cherché à renouer avec une tradition, ranimant des
enseignements et essayant de s'y conformer. Quelques-unes de ces
associations ont parfaitement réussi dans le cadre des
objectifs qu'elles s'étaient fixées. D'autres ont complètement
raté leur conversion et ont sombré dans le ridicule, l'oubli
ou pire... Dans le genre réussite, citons le groupe de
recherche UR et KRUR en Italie qui réunit dans les années 1920
à 1930, des hommes de qualité s'iméressant aux magies. On
comptait parmi les membres de cette société le Baron Julius
Evola, qui fut sans doute un des maîtres de l'ésotérisme
moderne.
Une
autre catégorie de groupements à vocation initiatique est
constituée par des "montages" pour le moins baroques,
parfois grandioses au niveau du grotesque, le plus souvent
sordides. Les filiations de ces sociétés relèvent souvent de
la plus haute fantaisie, quand elles ne sont pas un tissu
d'affirmations mensongères ne résistant pas à une étude même
superficielle. La plupart du temps ces sociétés recouvrent une
manoeuvre prosaïquement commerciale, sous une couverture en
apparence inattaquable. Le plus curieux de ce type d'aventure,
est que les personnes qui y adhèrent sont d'une bonne foi
absolue, si bien qu'il est difficile pour le profane de mettre
en doute la validité de l'édifice. Le piège est dans ce cas
presque parfait, car il faut monter parfois très haut dans la
hiérarchie pour en démonter le système. Le seul moyen est
d'en étudier les enseignements pour se rendre compte que
ceux-ci n'ont aucun fondement initiatique, ou même simplement
historique. C'est le cas de plusieurs centres initiatiques qui
diffusent un enseignement, en vendant en fin d'étude une
initiation. A ma connaissance, outre que le fait qu'aucune
initiation ne soit monnayable, il n'existe plus d'association
possédant une filiation initiatique réelle. Quant aux diplômes
délivrés par certains groupement, ils n'ont aucune valeur,
sinon de renseigner le visiteur sur le niveau d'incompétence,
ou d'imbécillité, du praticien qui le détient. Deux cas de
figure se présentent. Le praticien ou la praticienne en
question arbore une collection impressionnante de diplômes de
toute sorte, voyance, magie, maîtrise, sorcellerie! Est un naïf
qui a payé fort cher des initiations de fantaisie. Dans ce cas,
ce n'est pas une personne forcément malhonnête, mais quelqu'un
de totalement incompétent qui n'a aucune connaissance
initiatique. Un "initié" ayant suivi un cursus
traditionnel n'afficherait jamais ce genre de placards infamants
sur les murs de son cabinet. Soit, il s'agit d'un magouilleur
sans scrupule qui veut convaincre une certaine clientèle en se
parant de titre ronflants. Dans les deux cas, on se trouve
devant un incapable diplômé.
Certains
argueront que ces diplômes circulent pourtant librement, et
qu'ils ont sans doute une valeur ? En étant cynique, on serais
tenté de dire qu'ils ont un certain PRIX ($?), mais de valeur
aucune. Leurs provenances sont assez diversifiées, mais le
principe de base est toujours identique. Souvent ils proviennent
d'associations de type loi de 1901, sans but lucratif
(officiellement), où de groupements de professionnels, qui décident
de créer, à "titre privé", une récompense
"honorifique", laquelle est remise (moyennant
finances) à des professionnels ou à des élèves ayant suivi
une vague formation.
Il
ne faut pas confondre ce type de diplôme relevant de la plus
haute fantaisie, avec les diplômes de formation professionnelle
de métier ou de corporation, qui eux, correspondent à une réalité.
Un diplôme de meilleur ouvrier de France par exemple.
En
fait, les associations, souvent créées pour les besoins de la
cause, sont en contravention avec la loi, car seule une école
reconnue par l'état et en accord avec celui-ci peut, sous
certaines conditions très strictes, délivrer un diplôme. Tout
autre forme d'enseignement peut seulement délivrer des
certificats de formation, encore faut-il qu'ils soient agréés
officiellement et titulaire d'un numéro formateur de livré par
les autorités !
Bien
sûr, direz-vous, mais jamais l'état n'accordera un diplôme de
sciences occultes! Sans doute, mais jamais aucun groupement
initiatique digne de ce nom n'en délivrera. Les diplômes en
question sont donc doublement suspects...
On
comprend pourquoi aucun diplôme d'académie, d'instituts, de
collèges, de centres, ne sont que colifichets et gadgets. A tel
enseigne, qu'aux Etats-Unis, au Canada et en Italie on vend des
diplômes de sciences occultes en librairies, il ne reste qu'à
mettre le. tampon d'un ordre ou d'une association et le nom de
l'élève... Ces superbes distinctions n'ont en fait qu'un seul
mérite, celui de préciser le niveau initiatique de leurs détenteurs.
Dans un sens salvateur, diamétralement opposé. Quant aux
"diplômes" d'astrologues ou de radiesthésistes, ils
sont tout aussi illusoires, bien qu'ils recouvrent parfois des
bases de formation plus sérieuses. Dans ce cas les cours qui
les délivrent, devraient se contenter d'un certificat de
formation, ce qui donnerait une meilleure image de marque.
Il
n'y a donc pas de diplôme de magicien, d'ésotériste, pas plus
qu'il n'y a de doctorat de sorcellerie, mais un parcours à
effectuer sous le contrôle d'un adepte quand on a la chance ou
la persévérance d'en rencontrer un... Le domaine de
l'initiation, heureusement, est fort différent.
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