Parcours Initiatique

La démarche initiatique est par définition élitiste et aristocratique. Il n'est donc pas question de conférer une quelconque initiation à une personne du commun, entendez par-là, venue du monde profane et qui n'a pas fait ses preuves. L'initiation se mérite, elle ne s'achète pas. L'éthique est celle qui présidait à la nomination au titre de chevalier qui constituait, originellement, l'initiation de base pour la voie du guerrier. Ce titre devenu simplement nobiliaire a été partiellement détourné de son sens profond par la christianisation du monde celte. 

Le véritable cheminement initiatique se décompose chronologiquement, de la façon suivante, quelque soit le type de voie envisagé. La première phase du processus initiatique s'applique à une catégorie de personnes que l'on peut qualifier d'initiables. Les qualités propres à ces initiables sont de plusieurs ordres

Le futur initié doit être en bonne condition physique, ne souffrir d'aucune malformation ou déficience, n'être atteint d'aucune maladie grave ou in- curable. Son équilibre mental doit être excellent, il ne doit être assujetti à aucune habitude contre nature ou en opposition avec la démarche traditionnelle (usage de drogue ou de stupéfiants, par exemple). L'âge de l'initiable est très relatif, qui dépend principalement de l'état d'esprit et de l'ouverture de celui-ci. On préfèrera souvent des personnes jeunes, par souci de simplification. Celles-ci offrant l'avantage d'être moins "conditionnés" par les habitudes ou les contraintes sociales. L'initiation implique en effet une disponibilité mentale et une acception sans réserve, ce qui n'est pas toujours le cas pour les personnes d'un certain âge, qui auront toujours tendance à analyser l'enseignement au travers du filtre de leur acquis culturel, lequel n'est pas forcément adapté. Le niveau intellectuel doit être suffisant, de manière que l'assimilation des connaissances indispensables ne soit pas trop laborieuse, tant pour l'initiable que (et surtout) pour l'instructeur, qui n'est ni une nourrice, ni un maître d'école.

Le conditionnement religieux est un des points épineux de la formation, dont ce n'est pas la préoccupation. Ce problème se pose surtout en ce qui concerne le "carcan" psychologique constitué par les grandes religions monothéistes, parfaitement respectables au demeurant, tel que le Christianisme, le Judaïsme et l'Islam. Bien qu'il n'existe aucune incompatibilité de fond entre la pratique initiatique et l'exercice de ces cultes, force nous est de remarquer que ce type de religion est générateur de tabou, d'interdits et d'actions réflexes répressives provoquant de nombreux blocages ou refoulements incompatibles avec un développement harmonieux de la personnalité profonde. Le croyant fervent devra faire l'effort et surtout accepter le risque de soumettre sa foi à l'épreuve de révélations qui peuvent s'avérer caustiques. Le résultat, dans tous les cas ne sera nullement destructeur, il ne fera que confirmer ou infirmer, selon le niveau de conscience de l'intéressé, la validité ou non de sa croyance.

 

On sait que le cerveau humain fonctionne selon un mode particulier, tel que 10% seulement de ses possibilités sont utilisés dans le cadre de la personnalité sociale. Les 90% restant constituent les potentialités de l'inconscient et du subconscient. Quand une pulsion, un désir, un phantasme est élaboré par le subconscient, il est d'abord "filtré", censuré, par une fonction spéciale que l'on nomme en langage technique le sur-moi, lequel est façonné par l'éducation sociale et religieuse. Si ce désir , cette pulsion ou ce phantasme n'est pas conforme à l'éthique présidant au modèle éducatif, il sera impitoyablement refoulé au niveau inconscient. Ces refoulements sont parfaitement acceptables, et mêmes indispensables pour l'équilibre de l'homme, mais ils ne doivent pas dépasser un certain "quota" admissible pour ce même équilibre. Dans le cas d'un conditionnement trop rigoureux, il se produira des séquences de refoulements trop répétitives, qui ne pourront plus être "digérées" par l'inconscient, lequel ne pourra plus s'exprimer suffisamment. Ces refoulements excessifs constitueront autant de frustrations qui diminueront encore les capacités de créativité du subconscient. Il se produira des réactions psychosomatiques, voire des névroses ou des psychoses et en tous cas un certain nombre de blocages affectant l'intellect et la circulation énergétique. Ces tensions une fois établies diminueront, parfois considérablement, les potentialités de l'individu et lui interdiront l'accès à la réalisation de certains niveaux de conscience.

La première phase de l'entraînement de l'initiable portera donc dans la plupart des cas sur le "décapage" liminaire indispensable de certains "conditionnements sociaux "castrateurs", ce qui aura pour but de délivrer l'inconscient en laissant éclore l'imaginaire. Cette praxis permettra d'harmoniser la personnalité interne avec la personnalité sociale, pour réaliser la personnalité vraie du futur initiable. Ce cursus parfaitement défini donne généralement d'excellents résultats et renforce considérablement les capacités énergétiques. Dès lors que ce stade sera effectif, commencera le véritable apprentissage initiatique qui constitue la phase suivante

Cet enseignement traditionnel ne trouve que peu d'échos dans la littérature dite spécialisée. Cela tient au fait que la nature de cet enseignement provient de la tradition orale et bien peu d'écrivains ou rédacteurs d'ouvrages de magie ont reçu réellement ce type de formation. Les uns sont des chercheurs ayant essentiellement une culture livresque, quant aux autres ce sont pour la plupart des "mages" d'opérette plutôt soucieux d'augmenter leur clientèle. La majeure partie de ces littérateurs est constituée très prosaïquement de plumitifs mercenaire fabriquant aujourd'hui de la littérature magique et demain "exploitant" on ne sait quel nouveau créneau...

Dans un premier temps, l'étudiant fera l'apprentissage des techniques de base indispensables, en particulier la technique du calme mental et du calme physique, ces exercices spéciaux seront suivis d'exercices gradués sur la pratique de la visualisation, puis du déplacement de conscience, de la projection de conscience et des techniques de transfert. Viendra ensuite l'étude des sons, des grilles et des charges, le tissage des sons et des ligatures. Dès lors que ces éléments seront assimilés et opératifs, l'élève passera à l'étude du tellurisme et de ses divers aspects, il effectuera ensuite les exercices de base de captation et d'accumulation de ce type d'énergie qui renforceront ses énergies internes et développeront chez lui des facultés spécifiques, telles que l'intuition, le magnétisme et surtout participeront à la création de son corps d'énergie en accentuant de manière souvent spectaculaire ses facultés d'influence du monde physique. La progression se poursuivra par des exercices spéciaux destinés à augmenter puissamment sa concentration conjointement à l'art de l'utiliser. Viendra ensuite la pratique du modelage énergétique et l'étude des bases de l'alchimie végétale et de l'utilisation magique des plantes. Arrivé à ce stade, l'étudiant en connaîtra déjà beaucoup plus que la plupart des professionnels qui exercent à l'ombre de leurs diplômes.

L'adepte chargé d'enseigner l'étudiant, vérifiera la qualité des connaissances et appréciera si la motivation de ce dernier est restée constante. Si tel est le cas, l'étudiant sera parvenu à la première épreuve initiatique: l'initiation proprement dit, puisque initiation, rappelons-le, vient du latin "initiare", je débute.

 

Cette première épreuve dure plusieurs jours et constitue en une mort suivie d'une renaissance. Cette épreuve n'est pas seulement symbolique, comme on le croît généralement, quelque chose meurt réellement dans l'étudiant. Cette mort est avant tout une mort au monde profane suivie d'une renaissance dans la vie initiatique, c'est pourquoi le maître qui enseigne donne un nom nouveau à celui qui vient de naître au monde des pouvoirs.

 

Muni de ce nom nouveau qui le rattache à l'égrégore de la chaîne initiatique, le nouvel initié va poursuivre son étude de l'art et commencer réellement des pratiques effectives.

 

Le nouvel initié va dès lors commencer sa vie dans le monde des pouvoirs. Il va lui falloir non seulement apprendre mais aussi s'exercer, devenir un virtuose dans la pratique magique. On rencontre sou- vent dans la littérature "dite" ésotérique une affirmation paradoxale qui voudrait que l'initié doive impérativement fuir les pouvoirs et s'abstienne absolument de toute pratique tant soit peu magique. Ce point mérite qu'on s'y arrête, car il constitue une interprétation abusive, née de la confusion entre plusieurs traditions. Il est dit dans l'enseignement de la voie du yoga, que le yogi rencontre au cours de son entraînement un certain nombre de pouvoirs, ce qui est la plus absolue réalité, et qu'en aucun cas celui qui possède cette chance ne doit s'en préoccuper et qu'il lui est impérativement conseillé de s'abstenir. Ce qui en soit est parfaitement raisonnable, compte tenu de la voie envisagée. Le yoga préconise la méditation et le calme mental comme voie d'éveil de plus, cette discipline autorise la progression comme une forme particulière d'ascèse et "d'économie d'énergie". Cette discipline faisant appel à des énergies individuelles très faibles (au départ) ne peut en effet se permettre une "débauche" énergétique, si infime soit-elle, pour parvenir à son achèvement. Les autres traditions impliquent une démarche assez différente, en ce sens qu'elles préconisent une forme de "musculation" énergétique, dans la mesure où les énergies mises en jeu sont le résultat de méthodes de captation à partir de sources extérieures naturelles. Le problème s'inverse donc, et le disciple se fera un devoir d'utiliser ces énergies, c'est-à-dire de travailler sur des actions concrètes dans le cadre de son entraînement. On peut donc conclure que la plupart des affirmations de ce type proviennent de milieux ayant perdu tout contact avec le véritable enseignement traditionnel, ou se contentant de spéculations intellectuelles de nature essentiellement symbolique, ce qui explique l'abstinence des pouvoirs, puisqu'il y a une impossibilité quasi totale à les obtenir. C'est le cas de la plupart des sociétés initiatiques poursuivant une démarche de forme magie cérémonielle.

 

L'initié poursuivra donc son parcours en s'exerçant soigneusement au fur et à mesure de sa progression. Il étudiera la pratique des vocables, les architectures de mantrams, la construction des mots de pouvoir et leurs actions tant sur les événements que sur les énergies physiques et psychiques. Il fera l'apprentissage des géométries de cristaux et de leur merveilleux pouvoirs, qui n'ont rien à voir avec les "manipulations gadgets" de certains livres de vulgarisation. Il approfondira la compréhension des phénomènes de ruptures, clef des techniques opératives, l'étude des rythmes d'action, des sons agissants. Il se plongera dans l'étude des carrés magiques et dans l'art d'en tirer les mots de pouvoir dissimulés dans leurs structures abstraites. Il se passionnera pour les hiérarchies angéliques et démoniaque, la magie égrégorique, il apprendra à construire les anges et les archanges et à renouer avec l'antique tradition des bâtisseurs de gardiens. Il abordera la conception et l'utilisation des formidables esprits servants et des génies familiers, qui permettent aux initiés de réaliser des opérations spectaculaires (dans tous les domaines). Il se familiarisera avec les pratiques de transferts, de charges etc... Il étudiera la véritable talismanie opérative en comprenant l'utilisation des condensateurs planétaires. Il s'entraînera à la captation des énergies cosmiques par les exercices secrets qui permettent de charger un individu selon qu'il décidera d'accumuler une énergie mercurienne, martienne ou jupitérienne selon ses besoins. Il étudiera par le détailles 180 formes d'envoûtement et les diverses techniques de protection, il s'entraînera à la géomancie magique, à l'astrologie d'influence et enfin il fera l'ultime manipulation: celle de la marelle de pouvoir, cette fantastique pratique, qui permet de développer en quelques mois des facultés spécifiques aux véritables adeptes. De réveiller et de provoquer une "refonte" complète des capacités magiques d'un individu.

Dès lors que cette expérience se confirmera, notre initié deviendra un magicien. Il comprendra alors qu'avant d'ouvrir ses chakras il aura fallu les construire autour de l'arbre d'énergie qu'il porte en lui. Si sa démarche le porte à envisager l'accès aux pratiques de la magie sexuelle il élucidera les mystères du labyrinthe et comprendra le sens caché de la svastika (croix gammée)... il comprendra alors qu'il est une voie très brève pour la montée de kundalini et que cette expérience ne peut être le fait de fantoches s'agitant comme des marionnettes singeant leurs maîtres.

Parvenu à cette échéance, ayant parcouru le cycle du jeu des pouvoirs il parviendra à l'échéance de la seconde initiation. Autre épreuve, autre mort. .. Autre renaissance .

Dès cette seconde initiation, l'initié devient adepte, il est mort au monde des pouvoirs et naît dans celui de la spiritualité. Il porte une fois encore un nom nouveau, renonce aux pouvoirs et poursuit la construction de son corps de gloire, ce corps d'énergie qui le mènera aux portes de l'immortalité et de l'éveil. Arrivé à ce stade, l'adepte se consacre à l'enseignement, si telle est sa vocation. Ayant expérimenté le domaine magique, il n'a plus besoin de manifester ses pouvoirs pour "organiser" des actions, celles-ci s'organisent d'elles mêmes en fonction de ses besoins. Il se consacre presque exclusivement aux approfondissements de sa recherche. Selon les buts qu'il s'est donné, la progression est plus ou moins lente. Finalement il parviendra, peut-être, à la phase finale de l'initiation : la maîtrise et l'éveil. Un autre passage rituélique ponctue ce nouveau pallier, autre mort autre naissance dans le monde de l'éveil qu'il m'est impossible de décrire, car je n'en connais pas les règles ! 

le cheminement initiatique est très différent des descriptions scabreuses des soi disant initiés qui hantent les pages fétides des littératures de vulgarisation. Le lecteur comprendra sans peine que les diplômes initiatiques, les passages de pouvoir moyennant finances et les livres proposant des rituels sont autant de futilités, et de pièges à gogos qui n'ont, comme seuls, que avantages ceux d'égarer le chercheur en protégeant la tradition.

Les plus motivés finissant toujours par rencontrer un enseignement de qualité, s'ils ont suffisamment de discernement.

 

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